Description
Une commémoration pour se souvenir du bombardement à Saint-Floret la journée du 30 juin 44.
Le vendredi 30 juin à 6 heures du matin, heure allemande, c’est-à-dire 4 heures solaire, alors que réveillés par une singulière angoisse et prévoyant depuis la veille des évènements tragiques dans notre ville, nous nous demandons si nous devions nous lever.
Des avions volant très bas nous firent dresser, maman ouvrant son volet crut voir le 1er avion pénétrer dans sa chambre. Jean-Paul (l’employé agricole) se mit à crier « levez-vous vite on va bombarder ».
Mettre une robe, un manteau fut fait en un clin d’œil ; les bombes commençaient à tomber.
Les 1ères heureusement pour nous furent lancées sur le quartier de Varnat. « Vite la clé de la cave ». Le temps de descendre au rez-de-chaussée avec la fameuse clé les mitrailleuses crépitaient de tous côtés.
Il ne fallait plus songer à ouvrir la porte et le volet de la cuisine, traverser la rue, ouvrir la porte de cave sans être mitraillés ? J’ai calculé en un instant que l’angle le plus bas de la maison était celui face à la cour et aussi le plus près du rocher donc le moins vulnérable. J’ai attiré à toute vitesse maman et Jean-Paul dans l’angle de la cuisine, proche de l’évier et bien nous en a pris, c’est le coin de la maison qui n’a pas été touché…
Nous étions tirés sans rémission, J’ai passé ¾ d’heure affreux, les bombes tombaient par chapelet de 3. Entre chaque chute de bombes, les maisons étaient mitraillées et à chaque chute de bombes, nous nous disions « celle-ci est-elle pour nous ? ».
A un moment, toutes les portes et fenêtres de la maison furent arrachées, les cloisons ébranlées par le souffle. Une grande clarté envahit la maison. Ce qui nous a le plus incommodé c’est l’étouffement, nous étions gorgés de poussière à un point inimaginable. Si cela avait duré d’avantage nous aurions fort bien pu mourir étouffés.
Aussitôt le bombardement fini, nous avons gravi l’escalier, chargé de décombres et sommes sorties. Jean-Paul est allé porter secours aux blessés. Nous nous sommes trouvées dans la rue, ahuries devant l’aspect indescriptible du village et ne sachant où nous diriger lorsqu’arriva très excité un détachement d’une centaine de soldats allemands. Ce fut la panique. Les survivants couraient de tous côtés. Nous nous sommes alors cachées, dans la cave, suivies par les Barreyre, les Varnat et beau-parents. Et pendant une heure au moins nous avons entendu crépiter mitraillettes et pistolets et casser les meubles de la maison à coups de crosse, attendant le coup de grâce qui devait nous être destiné.
Enfin la porte s’ouvrit et de très jeunes gens nous emmenèrent tous au fond du pays devant le moulin Guerrier où devaient être pris les otages.
Tous les survivants du bombardement sauf les vieillards se trouvaient là. Jean-Paul avait fui comme tous les hommes jeunes.
Enfin les otages furent choisis : le Maire Pierre-Emile Foury – Michel Barreyre – Marcel Mallet – le métayer des Varnat – Pierre Bordel de Meilhaud – un murier juif portugais, ami des Crégut et Jeanne Rodillon.
Et nous voilà repartis parmi les décombres indescriptibles. On ne pouvait marcher dans les rues tant était l’enchevêtrement des fils, bois et matériaux de toutes sortes.
Dans la rue on fit le décompte des morts.
• Louis Papon, adjoint au maire tué par balles,
• Clémence Mallet épouse Papon,
• Victor Villeneuve,
• Joseph Prado,
• Adèle Liandier épouse Prado,
• Jean Maffre,
• Marie Auroy épouse Maffre,
• Lucienne Maffre,
• Andrée Bigot épouse Chaunier
Il faut dire que la moitié de la population et principalement les hommes jeunes avaient fui la veille craignant de promptes représailles.
Cependant notre village est je crois, le seul de France ainsi bombardé par l’aviation sans qu’il y ait eu de champ de bataille.
La plupart des maisons entièrement détruites, maison Mugi Pradet, Papon, Chandezon, Pissevin, Maffre, Decouze, les ¾ de l’hôtel Guerrier, Rodillon, la nôtre ainsi que tous les bâtiments qui nous séparaient de la rivière – les bâtiments d’exploitation de la famille Papon et Varnat. L’église très endommagée.
Une bombe non éclatée est encore dans la rivière sous le pont face à la petite chapelle.
Nous avons su par la suite que notre maison avait été très visée parce qu’elle avait été prise pour celle du maire. Celui-ci a été fusillé le 13 juillet
• Pierre Emile Foury, Maire de Saint-Floret, fusillé à Orcines le 13 juillet 1944
• Joseph Bellonte, fusillé à Orcines le 13 juillet 1944
• Pierre Bordel, fusillé à Orcines le 13 juillet 1944
• Manuel Gardozo, fusillé à Orcines le 13 juillet 1944
Durant cette folie, Madame Marie-Thérèse Ribeyre, épouse Trocellier portant son enfant de 18 mois dans ses bras fut tuée d’une balle en plein front. L’enfant est sorti indemne de cette tuerie.
Sont Morts en déportation
Michel Barreyre, déporté, mort à Dachau en décembre 1944
Maurice Mallet
Ernest Mallet
2 sont revenus de déportation
Marcel Mallet et Jeanne Rodillon,
Morts Pour la France – Clément Goigoux
Pendant longtemps notre village fut l’objet de fouilles et surveillances. Pourquoi St Floret ? Pourquoi ?
Fin de l’extrait
Tarifs
Gratuit.
Localisation
Place de la Treille Rue Filibard 63320 Saint-Floret